Vous mettez en place tous les principes de la parentalité positive, mais ça ne marche pas. Vous luttez avec votre enfant, vous êtes lassée de répéter sans cesse les choses…
Il y a des jours où tout se passe bien et puis d’autres où c’est la catastrophe. Vous avez envie de jeter l’éponge avec cette parentalité. Vous en avez marre de la parentalité positive, un gros ras le bol car votre quotidien ne ressemble pas du tout à ce que vous projetez, vous voyez autour de vous, ou vous pouvez lire dans les livres.
Mais qu’est-ce qui peut vous amener à vouloir faire valser tous les principes de la parentalité positive ?
Vous avez de nombreuses connaissances sur la parentalité dite bienveillante. Les lectures comme Filliozat ou Gueguen n’ont aucun secret pour vous. Je suis certaine que si je vous propose un test pour vérifier vos acquis, vous frôlerez l’excellence, et pourtant votre quotidien est loin d’être aussi parfait. Vous vous sentez perdue, déstabilisée et surtout vous avez l’impression d’être incompétente. Si vous ressentez vous aussi ces émotions, rassurez-vous, vous n’êtes pas nulle. La vie n’est pas un livre. On peut y apprendre des tas de notions, cependant ce n’est pas suffisant. Ce n’est parce que vous avez lu un livre sur le code de la route et le fonctionnement d’une voiture que vous savez conduire ou que vous êtes mécanicienne. Ce n’est parce que vous calez de temps en temps au démarrage malgré votre permis que vous ne savez pas conduire et que vous ne saurez jamais. Que faut-il pour être un bon conducteur? - savoir où vous allez pour ne pas faire des tas de détours - développer des qualités telles que l’attention, la concentration... - Être en condition pour se mettre au volant et diminuer les risques d’accident - avoir des capacités pour réagir et éviter un carambolage...
Vous voyez, il ne s’agit pas uniquement de savoir comment fonctionne une voiture ou comment faire un créneau. Tout n’est pas qu’une question de connaissances. Et si c'était pareil pour la parentalité positive?
Croire que les outils fonctionnent
Sur internet ou dans les livres (ou même dans mes partages) vous trouverez beaucoup d'astuces et de conseils pour savoir agir en fonction des difficultés. Vous allez tenter de mettre ces outils dans votre quotidien qui parfois fonctionneront et à d'autres moments ça sera un bide total. "Ça ne marche pas avec mes enfants !" "Mais pourquoi, ça ne marche pas avec moi?" J'ai une "mauvaise" nouvelle à vous annoncer:
La limite de la parentalité positive est d’utiliser les outils en attendant que ça marche
Les astuces peuvent vous aider mais ce n'est pas LA clé qui va ouvrir la porte à chaque fois que vous serez face à cette problématique. Par exemple, vous avez en main une astuce pour aider votre enfant dans ses colères. Vous pouvez avoir l'impression de détenir une clé magique qui va vous aider à passer de l'autre côté, arriver à calmer votre enfant. Et lors d'une colère, vous souhaitez absolument enclencher cette clé, cependant elle peut ne pas fonctionner car elle n'est pas adaptée avec la problématique de l'instant. Vous risquez de continuer encore et encore, jusqu'à vous dire "Je n'y arrive pas" ou bien "ça ne marche pas avec mon enfant". La limite dans l'usage de la "clé magique" est qu'il n'y en a pas qu'une seule. Il y a des tas de clés qui vont constituer un trousseau magique. A chaque moment d'accompagnement, il conviendra d'observer votre enfant et de lui proposer la clé qui pourrait lui convenir à ce moment pour l'aider. Sans ce temps d'observation et de reconnexion avec votre enfant, vous allez agir de la manière préconisée dans l'attente que cela fonctionne. Mais, vous en oublierez de voir les vrais besoins de votre enfant à cet instant précis. Les outils de la parentalité positive peuvent être très aidants au quotidien, et c'est pourquoi régulièrement je vous partage des graines de bonheur, toutefois il est essentiel d'être en priorité connecté à son enfant avant de dégainer un outil, et surtout de ne rien attendre de son usage. Soyez présente près de votre enfant, il va vous montrer ce dont il a besoin. Prenez le temps de l'écouter, de reformuler pour ainsi l'accompagner de manière véritable avec respect et conscience. Croire que chaque outil marche risque fortement de vous faire détester la parentalité positive et vous dévaloriser en tant maman. Ces outils aident mais non pas l'objectif de fonctionner à chaque fois.
Penser que l'enfant ne va plus faire de crise
Je suis encore désolée de vous annoncer une mauvaise nouvelle. Non, la parentalité positive n'empêche pas les crises. Si vous la pratiquez dans cet objectif alors vous faites fausse route, du moins quand l'enfant est petit.
Il est très facile d’avoir un enfant sage. Il suffit dès tout petit de ne pas l’écouter, de ne pas l’entendre, de ne pas répondre à ses demandes. L’enfant saisit très vite que ce n’est pas la peine d’appeler, car personne ne vient. Il refoule ses émotions, une partie de lui s’éteint. Il ne saura plus qui il est, quels sont ses besoins et ne demandera plus rien. En grandissant, ses parents auront des difficultés à connaître cet enfant qui s’exprime si peu. Par contre, quand les parents écoutent leur enfant, l’autorisent à exprimer ses émotions, ses besoins, l’enfant sera « plus difficile » les premiers temps car il manifestera ses émotions : ses peurs, ses tristesses, ses angoisses, ses colères. Il ne les refoulera pas. Catherine Gueguen - Vivre heureux avec son enfant
La parentalité positive permet à votre enfant d'avoir la possibilité d'exprimer ses émotions, c'est pourquoi vous vivez des crises intenses. Votre rôle en tant que parent est de lui donner des ressources, des prises de conscience et de connaissance pour exprimer avec tendresse ce qu'il ressent et ses besoins. Oui, c'est très difficile. Oui, c'est énergivore. Oui, ça prend beaucoup de temps. Ne pensez pas que les graines que vous semez vont pousser en quelques jours. Cela demande des années. Et, un jour, votre enfant s'exprimera sans cri, ni jet de jouet.
Ne jetez pas l'éponge en pensant que vous loupez un truc, que la parentalité positive n'est pas pour vous. Continuez à mettre des mots sur ce qu'il ressent, à l'aider dans l'expression de ses émotions. Souvenez-vous que chaque jour vous contribuez à construire un petit être plein de confiance et qui apportera beaucoup à l'humanité. C'est bien pour cela que vous pratiquez la parentalité bienveillante, non?
Ne pas oser lui dire non
L'éducation non violente n'est pas tout accepter, certains parents pensent qu'il ne faut pas dire "non". Nous savons très bien que dire "non" à son enfant c'est une forte probabilité pour avoir une crise de rage, des pleurs, des hurlements... Alors par simplicité et dans l'idée de croire que l'on va faire plaisir à son enfant, certains parents capitulent et disent "oui".
"N'hésitez pas à dire non, mais faites-le avec douceur, c'est un exercice très difficile. Expliquer votre position sans culpabiliser votre petit, sans le juger, il a le droit de désirer et vous avez le droit de dire non (sans culpabiliser vous-mêmes) si vous ne pouvez pas satisfaire son désir." Catherine Dumonteil Kremer - Elever son enfant autrement
Dire tout le temps "oui" à votre enfant, c'est ne pas lui mettre de cadre sécure et de limites respectueuses. "Bienveillante" ne veut pas dire tout autoriser, cela veut dire se respecter mutuellement.
Vous avez le droit de dire "non". Quand ça vous dit "non" à l'intérieur de vous et que ce refus a du sens pour vous. Il vaut mieux exprimer un non véritable qu'un oui forcé.
Arrivez-vous à dire "non" à votre enfant quand il vous demande de jouer, de sortir la peinture, de jouer au loup au parc... alors qu'à l'intérieur de vous ça vous dit "non"?
Pendant longtemps je me forçais face à leurs demandes, et je participais à ces activités à contre cœur.
Je me suis rendue compte que:
Je ne me respectais pas car je niais mes besoins
Je ne respectais pas mon enfant car je n'étais pas à 100% avec lui
Je nourrissais la frustration ou la rancœur en moi, ce qui faisait que ces moments finissaient souvent en tension et crise
Je ne partageais pas un message inspirant à mon enfant: le droit d'oser se respecter, de verbaliser ses besoins, de trouver des solutions qui conviennent à tous
Alors, je me suis autorisée à dire "non" à mon enfant quand c'était un véritable "non" en moi au lieu de lui dire un "oui" forcé qui nourrissait des émotions désagréables et qui nous emmenait souvent vers des crises.
J'ai eu peur de ce "non", peur que mes enfants ne m'aiment pas ou m'en veuillent de refuser ce moment avec eux.
Jusqu'au jour où j'ai réalisé que je ne leur disais pas "non" directement, je disais "non" à leur demande.
Oui, j'avais envie de jouer avec eux, de passer un moment avec eux mais pas de cette manière car à ce moment-là je n'avais pas envie de le faire à contre cœur et je préférais que l'on passe un moment de qualité dans une activité appréciée par nous deux.
Et parfois ça me dit "non" et je vais répondre "oui" car j'accueille le fait de ne pas avoir envie et de vouloir faire plaisir à mon enfant. A ce moment-là, il n'y aucune frustration, seulement du plaisir de partager ce moment ensemble en conscience.
Je me respecte, je respecte mon enfant, je lui apprend à verbaliser ses besoins et envies et tout est tellement plus fluide quand tout est fait avec cœur. Vous avez le droit de dire "non" et cela fait partie des principes de base de l'éducation bienveillante.
Ne pas prendre soin de soi
Si je reprends l'allégorie avec la voiture, si vous prenez le volant fatiguée, avec une dose d'alcool dans le sang, les pneus sous gonflés ou encore l'essence dans la réserve... il y a une forte probabilité que vous ayez une accident. Ce n'est pas parce que vous n'avez pas les compétences pour conduire, seulement qu'à cet instant vous n'avez pas les capacités et ressources.
C'est évident pour la conduite, et ça l'est moins pour la parentalité. Vous pouvez constater qu'il y a des jours où tout va bien, et d'autres où c'est plus difficile. Il est fort probable qu'il y ait un lien avec votre état énergétique du moment. En effet, vous arrivez à accompagner votre enfant à certains moments, cela montre bien que vous avez les compétences. C'est parce que vous n'avez pas les conditions optimales que vous ne pouvez pas appliquer vos compétences.
Dans la parentalité positive, je rencontre beaucoup de mères qui donnent énormément à leur enfant et oublie de prendre soin d'elles. Prendre soin de vous est une priorité pour prendre soin de vos enfants.
Dans les consignes de sécurité en avion, il est recommandé de mettre, en cas de dépressurisation, le masque à oxygène en priorité sur l'adulte et ensuite le mettre sur l'enfant. Ainsi l'adulte sera bien oxygéné pour pouvoir s'occuper de son enfant.
Cet allégorie représente bien l'importance de prendre soin de soi pour pouvoir prendre soin de son enfant. Mettez impérativement votre masque à oxygène.
Pour aller plus loin, vous pouvez (re)lire les articles suivants Mes 3 conseils pour vous ressourcer même avec la présence des enfants Les 4 boosters d'énergie pour être la maman que vous avez envie d'être
Les principes de la parentalité sont aidants et pas magiques, votre enfant va donc continuer à faire des crises car vous l'aidez à construire sa confiance et ses propres ressources. Pour cela, il a besoin d'un cadre sécure ce qui vous demandera d'être pleine d'énergie pour l'accompagner. Une nouvelle vision de la parentalité positive qui, je l'espère, vous permettra d'éviter de tout faire valser. Une parentalité qui vaut vraiment le coup, toutefois il est essentiel de prendre conscience de ces points pour éviter le dégout.
Vous êtes perdue dans la pratique de la parentalité positive et vous avez besoin d'aide?
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