Disputes, bagarres, chamailleries... Les conflits entre frères et sœurs sont souvent sources de stress et d'inquiétudes pour bon nombre de parents. Voici 6 pistes pour ne pus être dépassée durant les disputes.
Disputes et bagarres, normales?
Pendant longtemps je n'osais pas aborder ce sujet car mes enfants se chamaillent parfois, se disputent de temps en temps....
Et puis j'ai compris que cette face des rapports entre frères et sœurs sont tout à fait normaux.
En effet, face à des besoins ou des envies différents, les conflits sont inévitables. Cependant, vous pouvez avoir l'image du conflit de manière négative pouvant aller jusqu'à la violence pour s'affirmer.
Il est très important de permettre à vos enfants de s'affirmer, c'est-à-dire oser être soi, exprimer ses besoins, ses envies, et surtout de leur apprendre cette expresion de soi de manière saine, sans violence, sans cri, dispute ou bagarre: un conflit sain.
Les conflits font donc partie de la fratrie car ils sont la source de l'affirmation de soi. C'est la manière dont les besoins et les envies sont exprimés qui ne sont pas acceptables quand ils se disent avec violence et gestes brusques.
Il me semble important dans un premier temps d'avoir ce regard sur la fratrie et d'accueillir avec amour les deux pôles d'une fratrie:
l'amour, le respect, le partage, l'écoute, la bienveillance, la douceur, l'entraide, la coopération
les disputes, les chamailleries, les mots difficiles...
Accepter ne veut pas dire ne rien faire. Seulement être dans l'acceptation pour avoir une posture aidante et ainsi accompagner vos enfants à oser exprimer leurs besoins sans l'usage de leurs mains ou des mots "cailloux".
Développer les compétences sociales de l'enfant
Quand ils naissent les enfants ne sont pas dotés de compétences sociales. Pour bien comprendre cet aspect, je suis certaine que vous avez déjà entendu votre enfant ou un autre dire dans la rue "Regarde le monsieur, il est pas beau!" Et l'adulte d'arrêter l'enfant à coup de "chut, chut..." L'enfant ne fait pas exprès, il dit ce qu'il pense sans savoir que ça peut blesser l'autre, ou que ça ne se fait pas, ça ne se dit pas. Par votre accompagnement bienveillant et respectueux, vous allez l'aider à développer ses compétences sociales.
Toutefois, c'est loin d'être simple pour lui, car votre enfant à son cerveau totalement immature. C'est son cerveau limbique, le siège des émotions qui est au commande et c'est pourquoi il exprime certains messages par le biais de ses mains. Il ne sait pas, encore, faire autrement. Là non plus, il n'a pas l'intention de faire mal ou de blesser. Il fait comme il peut, avec ses possibilités du moment. Je vous explique tout et vous donne toutes les clès dans le guide "Petites et grosses colères de l'enfant"
Pour mieux comprendre, imaginons la saynète suivante:
Paul 3 ans a un jouet dans la main. Charlotte, sa copine, de 4 ans, aimerait bien jouer avec le jouet que Paul a (Elle voit comment Paul l'utilise et ça lui donne très envie)
Elle va donc lui dire... avec ses possibilités et capacités du moment: prendre le jouet des mains de Paul, et peut-être lui donner des tapes pour essayer de l'avoir, car Paul garde le jouet bien contre lui.
Naturellement, dans cette scène, on peut avoir envie de dire "On ne tape pas" ou encore "ce n'est pas bien de taper" "taper fait mal" ou bien de manière positive "Les mains sont faites pour faire des câlins", ou encore de rappeler qu'il est important de prêter, de partager. Mais Charlotte va continuer de taper Paul, car elle veut ce jouet. Il est important de comprendre le message pour aider Charlotte à poser des mots sur ce qu'elle veut autrement qu'avec ses mains, et lui permettre de développer ses compétences sociales. "Que veulent dire tes mains que tu n'arrives pas à dire avec des mots?"
Verbaliser les besoins et envies que votre enfant n'arrive pas encore à exprimer avec des mots.
Votre objectif, en tant que parent ou adulte accompagnateur est d'aider votre enfant à développer ses compétences sociales, à mettre des mots sur ses besoins, ses envies, ses émotions...
"Charlotte, je vois que tu avais très envie de ce jouet" (vous entendez le besoin de Charlotte)
Paul, est-ce que tu veux prêter le jouet à Charlotte?" (Il est fort probable que sa réponse soit non)
"Charlotte, Paul n'est pas encore prêt à te donner le jouet, quand il le sera, il te le donnera."
"D'accord Paul?" (Vous mettez des mots sur le conflit)
Vous avez pu ainsi remplacer les gestes par des mots, et à force de jouer ce rôle de médiateur, vous allez développer vos enfants à acquérir ces ressources pour ensuite les utiliser en toute autonomie. Comme tout apprentissage, cela prend du temps, il va falloir accompagner encore et encore, répéter de nombreuses fois, et un jour la graine va germer.
Développer la coopération dans la fratrie
Le jeu peut être un formidable outil pour aider les enfants à s'entraider et à développer le pôle "positif" de la fratrie.
Vous pouvez utiliser des jeux coopératifs, c'est-à-dire des jeux qui se jouent ensemble vers un même objectif. Il n'y a pas de gagnant, ni de perdant, seulement une équipe qui avance vers une même destination.
Pour cela, il va être important de s'écouter, de s'aider, de s'entraider... Les valeurs que vous souhaitez voir dans votre fratrie.
Voici quelques idées de jeux coopératifs:
Pour les plus petits: Le verger, Hop hop hop Saute moutons, Playa Playa
Pour les plus grands: Vila paletti, Roulapik, story cubes (pour raconter des histoires avec des dés), les cartes créatives (pour raconter des histoires avec des cartes), Familou (un jeu de 7 familles coopératif)
Comprendre la puissance des mots
"Tu pues" - "De toute façon, je ne t'aime pas"
Il de ne pas laisser exprimer ce type de mot, qui peuvent avoir des ravages importants sur la confiance en soi. Ces mots ont la même puissance qu'un caillou que l'on peut recevoir, c'est pourquoi vous pouvez dire à votre enfant qu'il n'est pas acceptable de dire des "mots cailloux" cependant ils ont le droit d'exprimer leur besoin et leur envie (le besoin de respect dans leur espace, dans leur intimité, ne pas partager leur jouet... )
Pour bien comprendre et visualiser la puissance des mots, je vous invite à faire l'expérience d'Emoto
A expérimenter avec vos enfants
Prenez 3 bocaux remplis de riz cuit:
Le premier sera le bocal témoin
Le deuxième le bocal "Je t'aime"
Le dernier le bocal "Je te déteste"
Laissez le premier bocal tranquille.
Au deuxième, vous allez lui dire des mots d'amour "Je t'aime, tu es formidable, merveilleux, tu es exceptionnel"... Faites-vous plaisir
Pour le dernier, vous allez lui dire des mots cailloux "Tu pues, je te déteste, tu es moche..." Permettez aux enfants de se lâcher, c'est mieux de le faire sur le riz que sur les membres de la fratrie...
Vous allez constater que le riz qui a reçu des mots cailloux va se mettre à moisir. Cette expérience est vraiment impressionnante et permet de montrer aux enfants toute la puissance de leur mot caillou envoyé à leur frère ou sœur.
Le timer, un outil aidant
"C'est à moi maintenant" - "C'est à mon tour" Pas évident d'attendre chacun son tour pour jouer: ça peut paraître long ou inégal.
Pour résoudre ce problème, vous pouvez vous aider, d'un timer. Il s'agit d'une sorte de minuteur qui permet de visualiser le temps défini pour l'action.
L'enfant va visualiser le temps consacré à une tâche ou un moment de jeu. Le time timer pourra jouer un rôle aidant dans les conflits: par exemple, mes enfants pouvaient jouer 15 minutes chacun sur la console portative, il mettait le timer en route et ils savaient quand le tour changeait.
Vous pouvez aussi faire le "chacun son tour" en utilisant le nombre de dessin animé. Chaque enfant va choisir son dessin animé, ou encore l'un choisi le premier jeu de société et l'autre le suivant...
Bien entendu, vous risquez d'être face à un "C'est moi le premier qui choisi, qui commence..." Soyez créative: commencer par le prénom en premier dans l'alphabet, ou en dernier, le plus grand et un autre jour le plus petit... Chacun à autant d'importance et dans cette phrase, ils attendent à ce que vous leur accordiez de l'amour.
Il s'agit outils qui peuvent vous aider, cependant comme toute astuce, elles sont à utiliser avec parcimonie, sans attendre que les enfants se comportent comme vous l'avez souhaité. Il est essentiel d'être toujours dans l'observation de leurs besoins et leurs émotions, c'est à dire exercer une parentalité en conscience.
Faites leur confiance
Chaque jour en pratiquant l'éducation bienveillante vous partager à vos enfants des ressources, vous les aider à verbaliser ce qu'ils ressentent, leurs besoins... Vous leur transmettez tous les outils et pour qu'ils se les approprient, il conviendra de les laisser les utiliser.
Pour cela, en cas de conflit, vous pouvez les laissez faire "Je vois que vous n'êtes pas d'accord, je vous fais confiance pour échanger et trouver une solution ensemble"
Bien entendu en cas de bagarre, il convient d'agir et de séparer les enfants pour éviter qu'ils ne se fassent mal.
C'est en les laissant faire que vous allez leur permettre de développer des compétences relationnelles: savoir écouter l'autre, s'exprimer avec respect et bienveillance, trouver une solution qui conviendra à chacun.
Les fratries sont les prémices, dès le plus jeune âge, des échanges sociaux futurs (à l'école, professionnels, dans le couple...), il est donc important de donner des ressources à son enfant pour qu'il puisse échanger avec respect et sans violence.
Pour aller plus loin
Lectures pour enfants
Lectures pour les parents
Liens affiliés qui me permettent de continuer à vous proposer du contenu gratuit. Merci pour votre compréhension bienveillante et participation.
Comentarios