Avec Virginie Limousin, psychopraticienne pour adulte spécialisée pour les familles et les couples nous avons évoquer ensemble le couple : couple amoureux et couple parental.
Un sujet rempli de défis car il se joue parfois dans le couple, les mêmes scénarios et mêmes croyances qu'avec nos enfants qui font qu'on peut se sentir incompris, se disputer, se sentir pas aimé...
Un échange passionnant que je vous recommande vivement d'écouter et de réécouter pour vous imprégner de toutes les notions que Virginie nous offre. Et voici les notes de cet épisode...
Qu’est ce qui se joue dans le couple ?
En tant qu'individu, on peut être marqué par notre enfance et l’environnement dans lequel on a grandit petit ou petite, de plus il peut y avoir des injonctions sociétales (permissions et interdits) et beaucoup de choses qui viennent du transgénérationnels et tout cela nous fait définir notre vision du monde.
Ce qui fait que nous sommes tous uniques avec une vision du monde unique.
Ce qui signifie que si vous vous définissez en tant que rond, vous n'allez pas être trop attiré par les triangles.
Donc vous allez chercher un partenaire qui vous ressemble ou bien qui sera interconnectée à vous (une possibilité d’emboiter les deux formes)
Au début du couple, on va s’aimer et se rencontrer dans le couple amoureux : coup de foudre, découverte de points communs. Mais on se rencontre aussi par nos scénarios et nos blessures qui sont souvent les mêmes ou complémentaires, et qui vont faire que parfois ça clash, qu’on peut passer des heures à se parler sans se comprendre. Et ces moments d’incompréhension sont des moments où chacun cherche à se réparer.
Le couple est un lieu formidable pour transformer et guérir les blessures, vivre ses vraies valeurs, mais c’est un chemin qui peut être difficile pour certains surtout en fonction des expériences de vie.
Couple parental et couple amoureux
Le couple commence par deux individus qui se rencontrent (avec beaucoup de phéromones et ocytocine), au début il peut y avoir tout une période d’attachement qui permet de se fusionner et d’être « addict » à l’autre. Cette étape ne dure pas et à un moment donné on voit que l’autre n’est pas le plus beau et on commence à avoir des discussions pour évoluer ensemble. On défusionne, car ce n’est pas la lune de miel tout le temps. C’est une étape importante où on passe de l’émotion d’amour au sentiment d’amour. C’est encore plus fort.
L’amour et le couple est en mouvement et va connaître des étapes, des moments de transformations, des épreuves à traverser. Chaque nouvelle étape est un nouveau défi. A chaque nouvelle étape charnière on va avoir à se renouveler et se retrouver (ou pas) sur certaines valeurs Et, à un moment on peut décider d’avoir un enfant. On passe donc d’un duo, de 2 adultes à une famille, 2 adultes et un bébé.
C’est une étape existentielle qui n’est pas facile et qui peut demander un réajustement. Il peut y avoir beaucoup de fatigue, un rééquilibrage à trouver, des places à redéfinir car on était 2 et on passe à 3 (ou 4…) A chaque arrivée d’un enfant on a un équilibre à retrouver. On devient donc un couple parental et pas uniquement un couple amoureux.
C’est là qu’on peut rencontrer des nouveaux défis et ils peuvent avoir des répercussions sur le couple amoureux.
Une posture et un positionnement que l’on n’avait pas eu avant avec le couple amoureux, et l’objectif est de coconstruire et de coopérer pour que ça fonctionne.
Toutefois, gardez en mémoire que l’amour a besoin d’être là, d’être mis en avant de la scène, de s’en occuper.
Les bases du couple parental
Coopérer
La première des choses est de savoir si on a envie de coopérer ensemble dans la parentalité. La coopération est la base solide de la maison pour se parler, se questionner, se parler avec empathie, rechercher du soutien….
C’est impossible d’être neutre dans notre façon d’éduquer ; On est soit loyale à ses parents, en rébellion, ou un mix… Chacun à son histoire et son vécu.
Ensemble, on va prendre la responsabilité de ce qui joue pour chacun, et de se questionner sur quoi ça vient parler, et questionner sur notre comportement. Sinon on risque de se disputer sans comprendre ce qu’il se joue derrière (les blessures, les croyances, les injonctions…)
Il est aussi important de sortir de sa propre histoire et de se questionner sur les besoins de l’enfant au lieu de chercher à être un « bon » parent, ce qui veut dire qu’on doit parfois remettre en question notre propre comportement et réaction.
Communiquer
La communication est une autre base dans le couple pour comprendre ce qu’il se joue.
On a la « responsabilité » d’avoir choisi ce papa mais il est important que le papa prenne sa place.
C’est bien qu’on ne se sente pas victime dans notre couple et se sentir responsable et agir.
Le triangle de Karpman dans le couple et la famille
C’est un triangle dramatique dont on parle beaucoup en psychologie : sauveur, bourreau, victime.
Quelques explications pour comprendre comment on tombe dans le triangle de Karpman: En tant qu’être humain, nous avons besoin de signe de reconnaissance. On a différent moyen de récupérer des signes de reconnaissance, un peu comme des pièces d’or. Par exemple :
Si je dis juste bonjour à un voisin, je vais avoir une pièce d’or Si je dialogue avec des commerçants, je récupère quelques pièces d’or
Je peux avoir une dizaine de pièces d’or si je partage une passion commune, par exemple je vais à la danse.
Mais je ne parle pas de manière intime, de moi, à des individus… On peut aller toutes les semaines à la danse sans pour autant dire que l’on ne va pas bien. C’est en parlant de soi que l’on récupère un max de pièce d’or, le lingot d’or. C’est le niveau suprême.
Nous sommes câblés pour être dans l’intimité. (Un couple amoureux qui se regarde c’est là qu’il est dans l’intimité.) Mais l’intimité n’a pas toujours été synonyme de sécurité pour nous durant l’enfance.
Et ce qui ramène des lingots d’or (mais ils sont en toques) ce sont les jeux phycologiques, le fameux triangle de karpman. On se trouve coincé dans des postures pour chercher à récupérer des signes de reconnaissance.
En se posant en tant que victime, on rêve que l’autre vienne nous prendre dans les bras.
Pareil pour le persécuteur ou le bourreau, on attend d’avoir des liens et on ne sait pas faire autrement donc inconsciemment on va se poser en persécuteur. C’est parce qu’on ne sait pas ce dont on a besoin et on a appris à dialoguer comme cela.
Et le couple amoureux et parental sont des endroits où on peut grandir et maturer, devenir des adultes conscients et aller dans l’intimité mais cela demande de sortir de ces schémas relationnels. Et ce n’est pas toujours évident en fonction de ce que l’on a reçu.
Eduquer avec des visions opposées
Le parent qui passe plus d’heure avec l’enfant, celui qui passe plus de temps avec l’enfant est plus empathique. Il va pouvoir décoder plus facilement son enfant.
Le parent qui sera moins présent pourra avoir plus de mal et pourra avoir des idées préconçues sur l’éducation et ses enfants.
Et en tant que parent, nous avons des générations et générations de violence éducative et on souvent vu l’enfant comme une menace pour le couple : le complexe d’Œdipe qui n’a jamais été prouvé scientifiquement et qui n’a pas d’appui. Aujourd’hui les neurosciences nous permettent d’avoir des informations sur le cerveau mais on ne peut pas occulter notre histoire et ce que nous avons reçu.
On peut avoir tendance à juger à expliquer, à dire que ce n’est pas bien. Cependant là on entre dans le triangle de Karpman, on devient persécuteur et l’autre va se sentir victime, on veut sauver l’enfant… et c’est le cercle vicieux et le risque de dispute
Le papa qui est en état de stress, porte un problème et il n’arrive pas à se connecter à l’enfant et à comprendre ce qui met cet enfant dans cet état. Et en tant que maman on peut se sentir blesser. La difficulté est de prendre sa puissance sans se poser en sauveuse ou victime. Prendre sa puissance veut dire lui redonner la responsabilité de sa difficulté « Je ne sais pas ce qui fait que tu as ce comportement, mais ça vaudrait vraiment le coup que tu comprennes ce qui fait que tu en arrives à crier sur un tout petit de 4 ans. Et moi je t’aime et je vois bien qu’il se passe quelque chose pour toi » Il est important de comprendre que c’est lui qui porte le problème pour se mettre en empathie. C’est un changement de paradigme pour aller dans la coopération et être bien ancrée pour lui laisser la responsabilité. Il est aussi essentiel de souvenir de sa bonne intention derrière sa réaction. On voit le mal que ça fait à l’enfant ou le mal que ça nous fait à nous, mais derrière le comportement du papa il y a une bonne intention, et ce papa pense qu’il y a quelque chose de bien à agir ainsi. L'objectif est de revenir dans la coopération car vous avez probablement tous les deux la même intention et pas la même manière de faire. Pour cela vous pouvez tester sur une semaine des nouvelles techniques et il va pouvoir expérimenter par lui-même.
Rester un couple parental quand on est séparé
Le couple amoureux n’existe plus mais le couple parental reste. Il reste donc les blessures mais c’est un peu moins fort car on a cet espace de respiration car on ne vit pas avec l’autre.
Il est important de se reconnecter à ses responsabilités. A un moment nous avons choisi cet homme et qu’est ce que ça vient chercher en nous.
Toutefois, on peut rester inquiète pour ces enfants.
Ne pas hésiter à faire appel à des espaces de médiations qui peut aider de sortir des jeux psychologiques et de la violence.
Il est essentiel de poser ses propres limites et se respecter avec une communication neutre et surtout tournée vers l’enfant.
Il est essentiel de bien accompagner l’enfant, surtout s’il n’a pas la capacité d’exprimer ses émotions. Par exemple, donner un carnet pour qu’il puisse décharger en sécurité, tout en lui donnant la permission d’aimer ses deux parents, sans conflit de loyauté.
Là encore il s’agit de prendre notre puissance pour ne pas se faire embarquer dans les jeux psychologiques de l’autre. Laisser l’autre jouer tout seul et équiper son enfant.
Couple amoureux quand on est parent
La société et le quotidien n’aident pas à se retrouver. On court, on court… et on ne prend pas toujours le temps pour son couple amoureux. On peut faire des expériences, une proposition de ne pas allumer la télé, d’éteindre le téléphone pour voir ce qu’il se passe, ce qu’il émerge. Et, il y aura beaucoup plus d’espace pour créer de l’intimité et du sensoriel.
Gardez en mémoire que tous les deux, vous avez des besoins, et que ça ne devienne pas une compétition de besoin où tous les deux vous avez envie d’être compris, et ce n'est pas évident avec les réservoirs à sec et la fatigue. Dès qu’on est en compétition de besoin, c’est une impasse, il est donc essentiel de mettre en avant une coopération et une communication : une volonté mutuelle de prendre soin de son couple amoureux.
Plus on dialogue, on coopère, plus on répare… plus il y aura de l’espace et de l’harmonie dans la famille. Pour conclure, gardez en mémoire l'importance de l'intention et de la coopération pour un couple parental épanoui. L'empathie, le dialogue, et la remise en question constante conduisent à des relations plus harmonieuses. Naviguer dans les eaux du couple parental demande du courage, mais les récompenses sont des liens familiaux solides et épanouissants.
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